Quand le risque climatique devient inassurable : le rôle de l’innovation

Face aux risques climatiques et à l’inassurabilité, l’innovation devient un levier de réparation et de résilience. Quand le risque devient inassurable, l’innovation aide à mieux anticiper, mesurer et réparer les pertes. Analyse signée MSW Conseil.

10/24/20253 min temps de lecture

Littoral exposé illustrant l’inassurabilité et l’innovation climatique
Littoral exposé illustrant l’inassurabilité et l’innovation climatique

Le changement climatique transforme en profondeur la manière dont nous évaluons, assurons et finançons les risques.
Le 6 juin 2025, dans la commune de Tréffiagat (Finistère), deux maisons ont été démolies par précaution face à l’érosion littorale et au risque de submersion.
👉 Source : Batiactu

Cet événement symbolise une bascule : certains biens et territoires deviennent difficilement assurables, voire inassurables.
Et il pose une question centrale pour l’avenir :
comment réparer équitablement ce que le climat rend irrémédiable ?

Le cas de Tréffiagat : un signal d’alerte pour l’assurabilité

À Tréffiagat, la collectivité a engagé un plan de démolition préventive de maisons menacées par la submersion marine.

Ces biens ont été rachetés « au prix du marché » dans le cadre du Fonds Barnier.
👉 Source : TF1 Info

Mais si l’indemnisation respecte la loi, la perte reste bien réelle.
Les habitants ont perdu leur maison, leur ancrage territorial, et parfois leur projet de vie.
Ce cas met en lumière une réalité grandissante : l’assurance seule ne suffit plus à compenser les effets économiques, sociaux et symboliques des catastrophes climatiques.

Assurabilité, réparation et limites des modèles actuels

Les modèles classiques d’assurance reposent sur la mutualisation et la prévisibilité.
Or, la fréquence et l’intensité des événements extrêmes bouleversent cet équilibre :

  • les catastrophes naturelles deviennent plus fréquentes et plus coûteuses ;

  • les zones littorales, agricoles ou industrielles sont de plus en plus exposées ;

  • les mécanismes d’indemnisation (catastrophes naturelles, Fonds Barnier) atteignent leurs limites financières et sociales.

Cette évolution pose la question de la durabilité du modèle assurantiel français et de la place de l’innovation pour repenser la prévention, la réparation et la solidarité financière.

Le rôle de l’innovation dans la réparation et la résilience

Face à l’inassurabilité croissante, l’innovation devient un levier pour rendre les systèmes de gestion du risque plus efficients, transparents et soutenables.

1. Donnée, IA et modélisation des risques climatiques

Les avancées technologiques en données environnementales, intelligence artificielle et modélisation climatique permettent désormais de mieux anticiper les sinistres.
Des solutions d’analyse prédictive aident les assureurs et les collectivités à identifier les zones à risque et à optimiser la tarification, la prévention et la gestion des sinistres.
Ces outils ouvrent la voie à une assurance plus juste et personnalisée.

2. Nouveaux modèles d’assurance et financement de la résilience

Les assurances paramétriques – qui déclenchent automatiquement une indemnisation selon un indicateur objectif (niveau d’eau, vitesse du vent, température, etc.) – offrent une alternative aux modèles classiques.
Elles permettent une réparation plus rapide et limitent les litiges.

De plus, les programmes publics comme France 2030 encouragent l’innovation dans la gestion du risque et le financement de la transition climatique.
Pour les entreprises, ces innovations peuvent être soutenues par des dispositifs comme le Crédit d’Impôt Recherche (CIR) ou le Crédit d’Impôt Innovation (CII), lorsqu’elles visent à développer des outils, modèles ou solutions de résilience.

3. Gouvernance, transparence et équité dans la réparation

Au-delà de la technologie, l’innovation touche à la gouvernance du risque.
Digitalisation des procédures, open data climatique, plateformes collaboratives : autant d’initiatives qui renforcent la transparence des dispositifs publics
(Fonds Barnier, régime CatNat) et améliorent la coordination entre l’État, les assureurs et les citoyens.

Impacts pour les assureurs, entreprises et collectivités

  • Assureurs : intégrer la donnée climatique, développer de nouveaux produits, coopérer avec les acteurs technologiques pour maintenir la soutenabilité du système ;

  • Entreprises innovantes : développer des solutions de prévention et d’adaptation climatique (capteurs, IA, simulation, matériaux durables) et valoriser ces travaux via les dispositifs de financement de l’innovation ;

  • Collectivités : renforcer la planification territoriale, la relocalisation et les politiques de résilience appuyées sur la donnée et la recherche publique.

Conclusion : de la réparation à la transformation

Le cas de Tréffiagat illustre un tournant majeur.
Réparer ne suffira plus : il faut désormais anticiper, innover et coopérer.
L’innovation technologique et financière ne remplacera pas la solidarité, mais elle peut l’étayer, la rendre plus transparente et durable.

Dans cette transition, les entreprises et institutions ont un rôle clé à jouer pour bâtir une économie de la résilience, où le financement de l’innovation devient un outil au service de la stabilité collective.

À propos de MSW Conseil

MSW Conseil accompagne les entreprises dans la structuration, la sécurisation de financements non dilutifs de leurs projets d’innovation (CIR, CII, aides publiques, France 2030).

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